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manderont. « Faites serment d’obéir d’abord », disent-ils, « et ensuite on vous dira vos obligations envers nous. Envers celui que les chrétiens appellent Jésus-Christ, vous n’avez absolument aucune obligation à remplir comme membre de notre société d’où son nom est exclu. »

Mais je m’aperçois, mon cher postulant, que je vous parle comme à un homme qui voudrait se joindre à une société défendue par l’Église. Je ne regrette pourtant pas cette digression, mais je crois vous en avoir dit assez sur la nature de l’obéissance pour vous convaincre que le religieux ne marche pas en aveugle dans le chemin de la vie ; il voit où il va et il va là où il veut aller lui-même dans la pleine jouissance de la liberté des enfants de Dieu. Les chaînes de l’esclavage imposées aux membres des sociétés secrètes sont inconnues aux religieux.

— Eh ! bien, dis-je au Père Maître, je vais étudier vos Saintes Règles pendant deux ans, et si je me sens de taille à les observer avec l’aide de Dieu, je ferai ma demande en toute sincérité et liberté.

Je pris l’habit religieux le jour de la fête de saint Augustin. J’ai cru que c’était de bon augure. Je fis mes vœux deux ans plus tard, le jour de la décollation de saint Jean-Baptiste, dont le martyre me suggérait l’idée de l’immolation la plus complète.

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