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— Peut-être, mon Père. Il faut que je me rende aussitôt à une assemblée des Chevaliers de Pythias. Je suis certain que j’aurai de belles funérailles à ma mort. C’est tout ce que je demande d’avoir après mon décès.

Puis il prit son chapeau pour sortir. J’ai cru que cela voulait dire de m’en aller.

— Permettez-moi, monsieur, de vous demander si votre père et votre mère sont morts.

— Ma mère est morte quand j’étais tout jeune. Mon père prit une seconde femme qui l’a mené par le bout du nez. Il faisait assez d’argent avec son hôtel, mais les bagues de diamant et les robes de soie ont mangé tous les revenus. Puis il a perdu son hôtel et il a voulu que je les fasse vivre tous les deux à rien faire. Je me suis sauvé.

— Où restait votre père ? dis-je, en l’accompagnant jusqu’à la maison des Pythias.

— Il tenait hôtel à tel endroit. Mon nom n’est pas celui que porte mon père ; j’ai traduit le nom de ma mère pour être ignoré de tout le monde.

Puis il entra dans son repaire sans dire Au revoir.

Je n’avais plus de doute : c’était bien le même personnage que j’avais connu enfant et qui ne voulut pas se mettre à genoux. Élevé dans l’indifférence religieuse, il devint apostat. Dieu l’appela à compa-

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