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Dès que le jeune polisson fut sorti, je remontai à la tribune et continuai d’enseigner à mes élèves de bien s’appliquer à l’étude, de ne pas voler l’argent de leurs parents, argent trempé des sueurs de leur travail, etc., etc. J’étais au milieu d’une de mes plus belles phrases quand, tout à coup, un élève que son père avait envoyé au collège contre son gré, prit le parti de se coucher sur le banc d’un double pupitre qu’il occupait seul. Je l’apostrophai en lui disant d’être au moins aussi poli que ses confrères plus jeunes que lui. Il se releva, prit ses livres, passa la porte et s’en retourna chez son père après une course de trois milles. Il raconta son histoire et dit à son père qu’il s’ennuyait trop quand il le quittait. Le père, pour toute réponse, lui dit d’aller mettre le cheval à la voiture ; puis il mit ses habits de dimanche, bourra sa pipe, prit les cordeaux, s’assit confortablement sur le siège dans la voiture et dit à son fils qu’il voulait aller avec lui au collège. Le fils, la tête basse, voulut prendre place à côté de son père, qui lui dit : « Tu es venu à pied, tu peux t’en retourner de même. Marche en avant du cheval pour lui montrer le chemin. »

Arrivé au collège, le père demande à voir le directeur. Celui-ci étant sorti, je me présentai aussitôt au père et lui dit : « Monsieur, je vous demande de m’entendre

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