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Le mois de mars va finir, et déjà, à la hauteur des terres de Mingan, trente-trois personnes, dont vingt-deux dans une seule cabane, sont mortes de faim. Elles sont là, étendues sur leurs branches de sapin ; la mère tient encore sur son cœur un enfant qui lui aura survécu d’un jour. Oh ! mère généreureuse ! avant ton dernier soupir, accole sur ton sein maternel cet enfant auquel tu veux prolonger la vie aux dépens de la tienne !

Dix-neuf personnes sont dans une cabane d’écorce de bouleau. Depuis deux mois, elles ont fait à peu près une cinquantaine de repas et bu quelques cuillerées de bouillon. Dix d’entr’elles sont endormies sous l’effet de la faiblesse. Elles respirent encore, mais sans un secours prompt, elles devront se réveiller dans l’éternité. Il en reste neuf qui ne sont