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qu’elle avait coutume d’y voir. Elle continua après un instant. Un samedi matin, nous partîmes comme de coutume pour aller parcourir les bois, je revins fatiguée et rentrai la première au logis ; deux de mes enfants dormaient : ils ne devaient plus se réveiller qu’au son de la trompette de l’Ange qui bientôt viendrait chercher leurs âmes. La grande Ourse marquait minuit quand mon mari entra dans notre cabane, mon père et ma mère étaient encore dans les bois. Quelle nuit ! père, quelle nuit ! Deux enfants à l’agonie, un époux brisé par la fatigue et la douleur, une bonne mère, oui ! une bonne mère et un tendre père probablement sous un arbre de la forêt, dans les étreintes de la mort.

Le vent commença à souffler du grand Nord, les étoiles disparurent sous les nuages gris et la