Page:Lacasse - Trois contes sauvages, 1882.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 18 —

lunes ont passé sur ma tête, mais jamais encore je n’avais vu les arbres se fendre sous l’action du froid. Retirés sous notre tente de bouleau, nous avons eu bien froid… et bien faim pendant plus d’un mois. La lune d’avril apparaît enfin et nous amène des jours, j’allais dire, plus doux, malheureuse que je suis… le froid avait cessé, mais la faim, oui la faim dont tu as toi-même senti les rigueurs pendant cinq jours, continua à nous tourmenter. Comme tu le sais, nous n’avions ni farine, ni lard. Il fallait vivre de chasse et de pêche. Or, le poisson ne mordait pas à la ligne et le caribou ne paraissait pas dans les plaines.

La mort nous avait comptés — nous étions huit, oui huit. Puis ici la Sauvagesse regarda autour d’elle comme pour chercher des êtres