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histoire naturelle

cétacées, est comme un voile qui intercepte une grande quantité de rayons de lumière ; l’animal peut l’épaissir facilement et avec promptitude, en s’enfonçant de quelques mètres de plus au-dessous de la surface de la mer ; et si, dans quelques circonstances très-rares et pendant des momens très-courts, l’œil de la baleine est tout-à-fait hors de l’eau, on va comprendre aisément ce qui remplace le voile aqueux qui ne le garantit plus d’une lumière trop vive.

La réfraction que le cristallin produit est si fort augmentée par le peu de densité de l’air qui a pris alors la place de l’eau, et qui aboutit jusqu’à la cornée, que le foyer des rayons lumineux, plus rapproché du cristallin, ne tombe plus sur la rétine, n’agit plus sur les houppes nerveuses qui composent la véritable partie sensible de l’organe, et ne peut plus éblouir le cétacée.

Les baleines franches ont donc reçu de grandes sources de sensibilité, d’instinct et d’intelligence, de grands principes de mouvement, de grandes causes d’action.

Voyons agir ces animaux, dont tous les attributs sont des sujets d’admiration et d’étude.

Suivons-les sur les mers.

Le printemps leur donne une force nouvelle ; une chaleur secrète pénètre dans tous leurs organes ; la vie s’y ranime ; ils agitent leur masse énorme ; cédant au besoin impérieux qui les consume, le mâle se rapproche plus que jamais de sa femelle ; ils cherchent dans une