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des baleines.

le bateau, y avoit répandu beaucoup d’eau qui s’étoit pourrie ; pour porter la voile nécessaire, j’ordonnai qu’on jetât à la mer cette eau qui empoisonnoit ; peu après je vis les baleines s’éloigner, et mes bateaux continuèrent de pêcher.

» Je réfléchis sur ce qui venoit de se passer, et j’admis pour un moment la possibilité que cette eau infecte avoit fait fuir les baleines.

» Quelques jours après, j’ordonnai à tous mes bateaux de conserver cette même eau et de la jeter à la mer tous ensemble, si les baleines approchoient, sauf à couper leurs cables et à fuir, si ces monstres continuoient d’avancer.

» Ce second essai réussit à merveille : il fut répété deux ou trois fois, et toujours avec succès ; et depuis je me suis intimement persuadé que la mauvaise odeur de cette eau pourrie est sentie de loin par la baleine, et qu’elle lui déplaît.

» Cette découverte est fort utile à toutes les pêches faites par bateaux, etc. »

Les baleines franches sont donc averties fortement et de loin de la présence des corps odorans.

Elles entendent aussi, à de grandes distances, des sons ou des bruits même assez foibles.

Et d’abord, pour percevoir les vibrations du fluide atmosphérique, elles ont reçu un canal déférent très-large, leur trompe d’Eustache ayant un grand diamètre. Mais de plus, dans le temps même où elles nagent à la