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de force le plus analogue à la ténuité des expansions de ce même nerf. Plusieurs fois, enfin, des coups violens, ou d’autres impressions que l’on n’éprouvoit que par un véritable toucher soit à l’extérieur, soit à l’intérieur, ont donné la sensation du son ou celle de la lumière.

Quoi qu’il en soit cependant du véritable organe de l’odorat dans la baleine, les observations prouvent, indépendamment de toute analogie, qu’elle sent les corpuscules odorans, et même qu’elle distingue de loin les nuances ou les diverses qualités des odeurs.

Nous préférons de rapporter à ce sujet un fait que nous trouvons dans les notes manuscrites qui nous ont été remises par notre vénérable collègue le sénateur Pléville-le-Peley, vice-amiral et ancien ministre de la marine. Ce respectable homme d’état, l’un des plus braves militaires, des plus intrépides navigateurs et des plus habiles marins, dit, dans une de ces notes, que nous transcrivons avec d’autant plus d’empressement qu’elle peut être très-utile à ceux qui s’occupent de la grande pêche de la morue : « La baleine poursuivant à la côte de Terre-Neuve la morue, le capelan, le maquereau, inquiète souvent les bateaux pêcheurs : elle les oblige quelquefois à quitter le fond dans le fort de la pêche, et leur fait perdre la journée.

» J’étois un jour avec mes pêcheurs : des baleines parurent sur l’horizon ; je me préparai à leur céder la place : mais la quantité de morue qui étoit dans