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histoire naturelle

l’entoure, lorsqu’elle a besoin d’inspirer un grand volume d’air ; et d’ailleurs, la position du diaphragme, qui, au lieu d’être verticale, est inclinée en arrière, rend plus facile cette grande inspiration, parce qu’elle permet aux poumons de s’étendre le long de l’épine du dos, et de se développer dans un plus grand espace.

Mais animons le colosse dont nous étudions les propriétés : nous avons vu la structure des organes de ses sens ; quels en sont les résultats ? quelle est la délicatesse de ces sens ? quelle est, par exemple, la finesse du toucher ?

La baleine a deux bras ; elle peut les appliquer à des objets étrangers ; elle peut placer ces objets entre son corps et l’un de ses bras, les retenir dans cette position, toucher à la fois plus d’une de leurs surfaces. Mais ce bras ne se plie pas comme celui de l’homme, et la main qui le termine ne se courbe pas, et ne se divise pas en doigts déliés et flexibles, pour s’appliquer à tous les contours, pénétrer dans les cavités, saisir toutes les formes. La peau de la baleine, dénuée d’écailles et de tubercules, n’arrête pas les impressions ; elle ne les intercepte pas, si elle les amortit par son épaisseur et les diminue par sa densité ; elle les laisse pénétrer jusqu’aux houppes nerveuses, répandues auprès de presque tous les points de la surface extérieure de l’animal. Mais quelle couche de graisse ne trouve-t-on pas au-dessous de cette peau ? et tout le monde sait que les animaux dans lesquels la peau recouvre une très-grande quantité