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des baleines.

lorsque l’animal considère un objet un peu éloigné, il peut le voir de ses deux yeux à la fois, rectifier les résultats de ses sensations, et mieux juger de la distance.

Mais ce qui étonne dans le premier moment de l’examen, c’est que l’œil de la baleine soit si petit, qu’on a peine quelquefois à le découvrir. Son diamètre n’est souvent que la cent quatre-vingt-douzième partie de la longueur totale du cétacée. Il est garni de paupières, comme l’œil des autres mammifères : mais ces paupières sont si gonflées par la graisse huileuse qui en occupe l’intérieur, qu’elles n’ont presque aucune mobilité ; elles sont d’ailleurs dénuées de cils, et l’on ne voit aucun vestige de cette troisième paupière que l’on peut apercevoir dans l’homme, que l’on remarque dans les quadrupèdes, et qui est si développée dans les oiseaux.

La baleine paroît donc privée de presque tous les moyens de garantir l’intérieur de son œil des impressions douloureuses de la lumière très-vive que répandent autour d’elle, pendant les longs jours de l’été, la surface des mers qu’elle fréquente, ou les montagnes de glace dont elle est entourée. Mais avant la fin de cet article, nous remarquerons combien les effets de la conformation particulière de cet organe peuvent suppléer au nombre et à la mobilité des paupières.

L’œil de la baleine, considéré dans son ensemble, est assez aplati par-devant pour que son axe longitudinal ne soit quelquefois à son axe transverse, que dans