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des baleines.

Après la mort de la baleine, l’épiderme glutineux qui recouvre les fanons, se sèche, et les colle les uns aux autres. Si l’on veut les préparer pour le commerce et les arts, on commence donc par les séparer avec un coin ; on les fend ensuite dans le sens de leur longueur, avec des couperets bien aiguisés ; on divise ainsi les différentes couches dont ils sont composés, et qui étoient retenues l’une contre l’autre par des filamens entrelacés et par une substance gélatineuse ; on les met dans de l’eau froide, ou quelquefois dans de l’eau chaude ; on les attendrit souvent dans l’huile que la baleine a fournie ; on les ratisse au bout de quelques heures ; on les brosse ; on les place, un à un, sur une planche bien polie ; ou les racle de nouveau ; on en coupe les extrémités ; on les expose à l’air pendant quelques heures, et on les dispose de manière qu’ils puissent continuer de sécher sans s’altérer et se corrompre[1].

C’est après avoir eu recours à ces procédés, qu’on se sert ou qu’on s’est servi de ces fanons pour plusieurs ouvrages, et particulièrement pour fortifier des corsets, soutenir des paniers, former des parapluies, monter des lunettes[2], garnir des éventails, composer des

  1. Histoire des pêches, des découvertes et des élablissemens des Hollandois dans les mers du Nord, tome I, p. 134.
  2. Depuis 1787, à Songeons, près de Beauvais, département de l’Oise, on monte les lunettes en fanon, au lieu de les monter en cuir ou en métal Ce changement a beaucoup augmenté la fabrique. On y voit à présent des femmes, et même des enfans de dix ou douze ans, monter des lunettes