Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
des baleines.

dessous de la mâchoire inférieure, ou, pour mieux dire, toute la voûte du palais est garnie de lames que l’on désigne par le nom de fanons. Donnons une idée nette de leur contexture, de leur forme, de leur grandeur, de leur couleur, de leur position, de leur nombre, de leur mobilité, de leur développement, de l’usage auquel la Nature les a destinées, et de ceux auxquels l’art a su les faire servir.

La surface d’un fanon est unie, polie, et semblable à celle de la corne. Il est composé de poils, ou plutôt de crins, placés à côté les uns des autres dans le sens de sa longueur, très-rapprochés, réunis et comme collés par une substance gélatineuse, qui, lorsqu’elle est sèche, lui donne presque toutes les propriétés de la corne, dont il a l’apparence.

Chacun de ces fanons est d’ailleurs très-aplati, alongé, et très-semblable, par sa forme générale, à la lame d’une faux. Il se courbe un peu dans sa longueur comme cette lame, diminue graduellement de hauteur et d’épaisseur, se termine en pointe, et montre sur son bord inférieur ou concave un tranchant analogue à celui de la faux. Ce bord concave ou inférieur est garni presque depuis son origine jusqu’à la pointe du fanon, de crins qu’aucune substance gélatineuse ne réunit, et qui représentent, le long de ce bord tranchant et aminci, une sorte de frange d’autant plus longue et d’autant plus touffue qu’elle est plus près de la pointe ou de l’extrémité du fanon.