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des baleines.

Cet organe consiste dans deux poches grandes et membraneuses, formées d’une peau noirâtre et muqueuse, ridées lorsqu’elles sont vides, ovoïdes lorsqu’elles sont gonflées. Ces deux poches sont couchées sous la peau, au-devant des évents, avec la partie supérieure desquels elles communiquent. Des fibres charnues très-fortes partent de la circonférence du crâne, se réunissent au-dessus de ces poches ou bourses, et les compriment violemment, à la volonté de l’animal.

Lors donc que le cétacée veut faire jaillir une certaine quantité d’eau contenue dans sa bouche, il donne à sa langue et à ses mâchoires le mouvement nécessaire pour avaler cette eau : mais comme il ferme en même temps son pharynx, il force ce fluide à remonter dans les évents ; il lui imprime un mouvement assez rapide pour que cette eau très-pressée soulève une valvule charnue placée dans l’évent vers son extrémité supérieure, et au-dessous des poches ; l’eau pénètre dans les poches ; la valvule se referme ; l’animal comprime ses bourses ; l’eau en sort avec violence ; la valvule, qui ne peut s’ouvrir que de bas en haut, résiste à son effort ; et ce liquide, au lieu de rentrer dans la bouche, sort par l’orifice supérieur de l’évent, et s’élève dans l’air à une hauteur proportionnée à la force de la compression des bourses.

L’ouverture de la bouche de la baleine franche est très-grande ; elle se prolonge jusqu’au-dessous des orifices supérieurs des évents ; elle d’étend même vers