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histoire naturelle

Le poids total de ces derniers individus surpassoit cent cinquante mille kilogrammes.

On a écrit que les femelles étoient plus grosses que les mâles. Cette différence, que Buffon a fait observer dans les oiseaux de proie, et que nous avons indiquée pour le plus grand nombre de poissons, lesquels viennent d’un œuf, comme les oiseaux, seroit remarquable dans des animaux qui ont des mamelles, et qui mettent au jour des petits tout formés.

Quoi qu’il en soit de cette supériorité de la baleine femelle sur la baleine mâle, l’une et l’autre, vues de loin, paroissent une masse informe. On diroit que tout ce qui s’éloigne des autres êtres par un attribut très-frappant, tel que celui de la grandeur, s’en écarte aussi par le plus grand nombre de ses autres propriétés ; et l’on croiroit que lorsque la Nature façonne plus de matière, produit un plus grand volume, anime des organes plus étendus, elle est forcée, pour ainsi dire, d’employer des précautions particulières, de réunir des proportions peu communes, de fortifier les ressorts en les rapprochant, de consolider l’ensemble par la juxta-position d’un très-grand nombre de parties, et d’exclure ainsi ces rapports entre les dimensions, que nous considérons comme les élémens de la beauté des formes, parce que nous les trouvons dans les objets les plus analogues à nos sens, à nos qualités, à nos modifications, et avec lesquels nous communiquons le plus fréquemment.