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des dauphins.

de férès, suivant une relation adressée par M. Lambert, habitant de Saint-Tropès, à M. l’abbé Turles, chanoine de Fréjus, et envoyée par ce dernier au professeur Bonnaterre[1]. Le capitaine du bâtiment descendit dans sa chaloupe, attaqua un de ces dauphins, et le perça d’un trident. Le cétacée, blessé et cherchant à fuir, auroit entraîné la chaloupe, si l’équipage n’avoit redoublé d’efforts pour la retenir. Le férès lutta avec une nouvelle violence ; le trident se détacha, mais enleva une large portion de muscles : le dauphin poussa quelques cris ; tous les autres cétacées se rassemblèrent autour de leur compagnon ; ils firent entendre des mugissemens profonds, qui effrayèrent le capitaine et ses matelots, et ils voguèrent vers le golfe de Grimeau, où ils rencontrèrent, dans un grand nombre de pêcheurs, de nouveaux ennemis. On les assaillit à coups de hache ; leurs blessures et leur rage leur arrachoient des sifflemens aigus. On tua, dit-on, près de cent de ces férès ; la mer étoit teinte de sang dans ce lieu de carnage. On trouva les individus immolés remplis de graisse ; et leur chair parut rougeâtre comme celle du bœuf.

  1. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique.