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des dauphins.

large que la supérieure ; elle présente de plus, dans sa partie inférieure, une sorte de renflement.

Les dents sont inégales, coniques, mousses et recourbées à leur sommet ; leur nombre doit beaucoup varier sur-tout avec l’âge, puisqu’Artédi dit qu’il y en a quarante à la mâchoire d’en-bas, et que dans la tête osseuse d’une jeune orque, qui fait partie de la collection du Muséum, on n’en compte que vingt-deux à chaque mâchoire.

L’œil est situé très-près de la commissure des lèvres, mais un peu plus haut. Les pectorales, larges et presque ovales, sont deux rames assez puissantes. La verge du mâle a fréquemment plus d’un mètre de longueur.

Les orques n’ont pas d’intestin cœcum.

Elles se nourrissent de poissons, particulièrement de pleuronectes ; mais elles dévorent aussi les phoques : elles sont même si voraces, si hardies et si féroces, que lorsqu’elles sont réunies en troupes, elles osent attaquer un grand cétacée, se jettent sur une baleine, la déchirent avec leurs dents recourbées, opposent l’agilité à la masse, le nombre au volume, l’adresse à la puissance, l’audace à la force, agitent, tourmentent, couvrent de blessures et de sang leur monstrueux ennemi, qui, pour éviter la mort ou des douleurs cruelles, est quelquefois obligé de se dérober par la fuite à leurs attaques meurtrières, et qui, troublé par leurs mouvemens rapides et par leurs manœuvres multipliées, se précipite vers les rivages, où il trouve dans les harpons des pêcheurs, des armes bien plus funestes.