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vue générale

sa science est maintenant impérissable, parce qu’il a pu multiplier sans limites les exemplaires de sa pensée, ils ne cesseront d’être les victimes de son intérêt, que lorsque ces énormes espèces auront cessé d’exister. C’est en vain qu’elles fuient devant lui : son art le transporte aux extrémités de la terre ; elles n’ont plus d’asyle que dans le néant.

Avançons vers ces êtres dont on peut encore écrire l’histoire, et dont nous venons d’esquisser quelques traits généraux.

Ah ! pour les peindre, il faudroit le pinceau de Buffon. Lorsqu’il m’associa à ses travaux, il s’étoit réservé d’exposer l’image de ces cétacées, auxquels la Nature paroissoit avoir destiné un meilleur sort que celui qui les opprime : mais la mort l’a surpris avant qu’il n’ait pu commencer son ouvrage ; mais Daubenton et Montbelliard ne sont plus ; et c’est sans le secours de mes maîtres, sans le secours de mes illustres amis, que j’ai travaillé au monument qui manquoit encore pour compléter l’ouvrage immense élevé pour la postérité par Buffon, par Daubenton, par Montbelliard, et dont j’ai tâché de poser le faîte en terminant il y a un an l’Histoire des poissons[1].

Lorsqu’à cette dernière époque j’ai commencé de publier l’Histoire des cétacées, que j’avois entreprise

  1. Voyez, dans l’Histoire naturelle des poissons, le Discours intitulé Sur la pêche, sur la connoissance des poissons fossiles, et sur quelques attributs généraux des poissons.