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des dauphins.

décrit le temple de Delphes, n’a parlé de ces dauphins sculptés par le ciseau des plus anciens artistes grecs, c’est que ce temple d’Apollon a été pillé plusieurs fois, et que, du temps de Pausanias, il ne restoit aucun des anciens ornemens du sanctuaire.

Les peintres et les sculpteurs modernes ont donc représenté le dauphin, comme les artistes grecs du temps d’Homère, avec la queue relevée, la tête très-grosse, la gueule très-grande, etc. Mais sous quelques traits qu’il ait été vu, les historiens l’ont célébré, les poètes l’ont chanté, les peuples l’ont consacré à la divinité qu’ils adoroient. On l’a respecté comme cher, non seulement à Apollon et à Bacchus, mais encore à Neptune, qu’il avoit aidé, suivant une tradition religieuse rapportée par Oppien, à découvrir son Amphitrite lorsque, voulant conserver sa virginité, elle s’étoit enfuie jusque dans l’Atlantide. Ce même Oppien l’a nommé le ministre du Jupiter marin ; et le titre de hieros ichthys (poisson sacré) lui a été donné dans la Grèce.

On a répété avec sensibilité l’histoire de Phalante sauvé par un dauphin, après avoir fait naufrage près des côtes de l’Italie. On a honoré le dauphin, comme un bienfaiteur de l’homme. On a conservé comme une allégorie touchante, comme un souvenir consolateur pour le génie malheureux, l’aventure d’Arion, qui, menacé de la mort par les féroces matelots du navire sur lequel il étoit monté, se précipita dans la mer, fut accueilli par un dauphin que le doux son de sa lyre