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des dauphins.

nuages et de fantômes vaporeux, au-dessus des promontoires menaçans, des lacs brumeux et des froides forêts de la valeureuse Calédonie, ou de l’héroïque Hibernie : mais la vallée de Tempé, les pentes fleuries de l’Hymète, les rives de l’Eurotas, les bois mystérieux de Delphes, et les heureuses Cyclades, ont ému la sensibilité des Grecs par tout ce que la Nature peut offrir de contrastes pittoresques, de pavages romantiques, de tableaux majestueux, de scènes gracieuses, de monts verdoyans, de retraites fortunées, d’images attendrissantes, d’objets touchans, tristes, funèbres même, et cependant remplis de douceur et de charmes. Les bosquets de l’Arcadie ombrageoient des tombeaux ; et les tombeaux étoient cachés sous des tiges de roses.

La mythologie grecque, variée et immense comme la belle Nature dont elle a reçu le jour, a dû soumettre tous les êtres à sa puissance.

Auroit-elle pu dès-lors ne pas étendre son influence magique jusque sur le dauphin ? Mais si elle a changé ses qualités, elle n’a pas altéré ses formes. Ce n’est pas la mythologie qui a dénaturé ses traits ; ils ont été métamorphosés par l’art de la sculpture encore dans son enfance, bientôt après la fin de ces temps fameux auxquels la Grèce a donné le nom d’héroïques. J’adopte à cet égard l’opinion de mon illustre confrère Visconti, de l’Institut national ; et voici ce que pense à ce sujet ce savant interprète de l’antiquité[1].

  1. Lettre du citoyen Visconti à Lacepède.