foncé ; et enfin ceux dont toute la surface est d’un blanc éclatant comme celui de la neige.
Mais nous venons de voir le dauphin de la Nature ; voyons celui des poètes. Suspendons un moment l’histoire de la puissance qui crée, et jetons les yeux sur les arts qui embellissent.
Nous voici dans l’empire de l’imagination ; la raison éclairée, qu’elle charme, mais qu’elle n’aveugle ni ne séduit, saura distinguer dans le tableau que nous allons essayer de présenter, la vérité parée des voiles brillans de la fable.
Les anciens habitans des rives fortunées de la Grèce connoissoient bien le dauphin : mais la vivacité de leur génie poétique ne leur a pas permis de le peindre tel qu’il est ; leur morale religieuse a eu besoin de le métamorphoser et d’en faire un de ses types. Et d’ailleurs, la conception d’objets chimériques leur étoit aussi nécessaire que le mouvement l’est au dauphin. L’esprit, comme le corps, use de toutes ses forces, lorsqu’aucun obstacle ne l’arrête ; et les imaginations ardentes n’ont pas besoin des sentimens profonds ni des idées lugubres que fait naître un climat horrible, pour inventer des causes fantastiques, pour produire des êtres surnaturels, pour enfanter des dieux. Le plus beau ciel a ses orages ; le rivage le plus riant a sa mélancolie. Les champs thessaliens, ceux de l’Attique et du Péloponnèse, n’ont point inspiré cette terreur sacrée, ces noirs pressentimens, ces tristes souvenirs qui ont élevé le trône d’une sombre mythologie au milieu de palais de