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des dauphins.

Ces cétacées, que l’on a voulu représenter comme susceptibles d’un attachement si vif et si durable, sont néanmoins des animaux carnassiers. Mais n’oublions pas que le chien, ce compagnon de l’homme, si tendre, si fidèle et si dévoué, est aussi un animal de proie ; et qu’entre le loup féroce et le doux épagneul, il n’y a d’autre différence que les effets de l’art et de la domesticité.

Les dauphins se nourrissent donc de substances animales : ils recherchent particulièrement les poissons ; ils préfèrent les morues, les églefins, les persèques, les pleuronectes ; ils poursuivent les troupes nombreuses de muges jusqu’auprès des filets des pêcheurs ; et, à cause de cette sorte de familiarité hardie, ils ont été considérés comme les auxiliaires de ces marins, dont ils ne vouloient cependant qu’enlever ou partager la proie.

Pline et quelques autres auteurs anciens ont cru que les dauphins ne pouvoient rien saisir avec leur gueule, qu’en se retournant et se renversant presque sur leur dos ; mais ils n’ont eu cette opinion, que parce qu’ils ont souvent confondu ces cétacées avec des squales, des acipensères, ou quelques autres grands poissons.

Les dauphins peuvent chercher la nourriture qui leur est nécessaire, plus facilement que plusieurs autres habitans des mers. Aucun climat ne leur est contraire.

On les a vus non seulement dans l’Océan atlantique septentrional, mais encore dans le grand Océan équi-