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des dauphins.

ne se rassemblent autour des bâtimens, et qu’avec tous les signes de la confiance et d’une sorte de satisfaction, ils ne s’agitent, se courbent, se replient, s’élancent au-dessus de l’eau, pirouettent, retombent, bondissent et s’élancent de nouveau pour pirouetter, tomber, bondir et s’élever encore. Cette succession ou plutôt cette perpétuité de mouvemens vient de la bonne proportion de leurs muscles et de l’activité de leur systême nerveux.

Ne perdons jamais de vue une grande vérité. Lorsque les animaux, qui ne sont pas retenus, comme l’homme, par des idées morales, ne sont pas arrêtés par la crainte, ils font tout ce qu’ils peuvent faire, et ils agissent aussi long-temps qu’ils peuvent agir. Aucune force n’est inerte dans la Nature. Toutes les causes y tendent sans cesse à produire dans toute leur étendue tous les effets qu’elles peuvent faire naître. Cette sorte d’effort perpétuel, qui se confond avec l’attraction universelle, est la base du principe suivant. Un effet est toujours le plus grand qui puisse dépendre de sa cause, ou, ce qui est la même chose, la cause d’un phénomène est toujours la plus foible possible ; et cette expression n’est que la traduction de celle par laquelle notre illustre collègue et ami Lagrange a fait connoître son admirable principe de la plus petite action.

Au reste, ces mouvemens si souvent renouvelés que présentent les dauphins, ces bonds, ces sauts, ces circonvolutions, ces manœuvres, ces sigues de force, de