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des cétacées.

Mais cette substance huileuse, ces fanons, ces dents, les longues défenses que quelques cétacées ont reçues[1], cette matière blanche que nous nommerons adipocire avec Fourcroy[2], et qui est si abondante dans plusieurs de leurs espèces, l’ambre gris qu’ils produisent[3], et jusqu’à la peau dont ils sont revêtus, tous ces dons de la Nature sont devenus des présens bien funestes, lorsque l’art de la navigation a commencé de se perfectionner, et que la boussole a pu diriger les marins parmi les écueils des mers les plus lointaines et les ténèbres des nuits les plus obscures.

L’homme, attiré par les trésors que pouvoit lui livrer la victoire sur les cétacées, a troublé la paix de leurs immenses solitudes, a violé leur retraite, a immolé tous ceux que les déserts glacés et inabordables des pôles n’ont pas dérobés à ses coups ; et il leur a fait une guerre d’autant plus cruelle, qu’il a vu que des grandes pêches dépendoient la prospérité de son commerce, l’activité de son industrie, le nombre de ses matelots, la hardiesse de ses navigateurs, l’expérience de ses pilotes, la force de sa marine, la grandeur de sa puissance.

C’est ainsi que les géans des géans sont tombés sous ses armes ; et comme son génie est immortel, et que

  1. Voyez l’histoire des narwals.
  2. Article du cachalot macrocéphale.
  3. Idem.