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des dauphins.

dont ils courbent avec force leur corps, bandent, pour ainsi dire, leur queue comme un arc très-grand et très-puissant, et, la détendant ensuite contre les couches d’eau inférieures avec la promptitude de l’éclair, jaillissent en quelque sorte comme la flèche de cet arc, et nous présentent un emploi de moyens et des effets semblables à ceux que nous ont offerts les saumons et d’autres poissons qui franchissent, en remontant dans les fleuves, des digues très-élevées[1].

C’est par un mécanisme semblable que le dauphin se précipite sur le rivage, lorsque, poursuivant une proie qui lui échappe, il se livre à des élans trop impétueux qui l’emportent au-delà du but, ou lorsque, tourmenté par des insectes[2] qui pénètrent dans les replis de sa peau et s’y attachent aux endroits les plus sensibles, il devient furieux, comme le lion sur lequel s’acharne la mouche du désert, et, aveuglé par sa propre rage, se tourne, se retourne, bondit et se précipite au hasard.

Lorsqu’il s’est jeté sur le rivage à une trop grande distance de l’eau pour que ses efforts puissent l’y ramener, il meurt au bout d’un temps plus ou moins long, comme les autres cétacées repoussés de la mer, et lancés sur la côte par la tempête ou par toute autre puissance. L’impossibilité de pourvoir à leur nourriture, les contusions et les blessures produites par la force du

  1. Histoire naturelle des poissons. — Histoire du salmone saumon.
  2. Rondelet, article du dauphin.