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des dauphins.

L’instrument qui lui donne cette grande vîtesse, se compose de sa queue et de la nageoire qui la termine. Cette nageoire est divisée en deux lobes, dont chacun n’est que peu échancré, et dont la longueur est telle, que la largeur de cette caudale égale ordinairement deux neuvièmes de la longueur totale du cétacée. Cette nageoire et la queue elle-même peuvent être mues avec d’autant plus de vigueur, que les muscles puissans qui leur impriment leurs mouvemens variés, s’attachent à de hautes apophyses des vertèbres lombaires ; et l’on avoit une si grande idée de leur force prodigieuse, que, suivant Rondelet, un proverbe comparoit ceux qui se tourmentent pour faire une chose impossible, à ceux qui veulent lier un dauphin par la queue.

C’est en agitant cette rame rapide que le dauphin cingle avec tant de célérité, que les marins l’ont nommé la flèche de la mer. Mon savant et éloquent confrère, le citoyen de Saint-Pierre, membre de l’Institut national, dit, dans la relation de son voyage à l’île de France (p. 52), qu’il vit un dauphin caracoler autour du vaisseau, pendant que le bâtiment faisoit un myriamètre par heure ; et Pline a écrit que le dauphin alloit plus vîte qu’un oiseau et qu’un trait lancé par une machine puissante.

La dorsale de ce cétacée n’ajoute pas à sa vîtesse ; mais elle peut l’aider à diriger ses mouvemens[1]. La

  1. Que l’on veuille bien rappeler ce que nous avons dit dans l’article de la baleine franche, au sujet de la natation de ce cétacée.