et malgré la nature et la position particulière du siége de l’odorat dans les cétacées[1], on savoit dès le temps d’Aristote que le dauphin distinguoit promptement et de très-loin les impressions des corps odorans[2]. Sa chair répand une odeur assez sensible, comme celle du crocodile, de plusieurs autres quadrupèdes ovipares, et de plusieurs autres habitans des eaux ou des rivages, dont l’odorat est très-fin ; et cependant toute odeur trop forte ou étrangère à celles auxquelles il peut être accoutumé, agit si vivement sur ses nerfs, qu’il en est bientôt fatigué, tourmenté et même quelquefois fortement incommodé ; et Pline rapporte qu’un proconsul d’Afrique ayant essayé de faire parfumer un dauphin qui venoit souvent près du rivage et s’approchoit familièrement des marins, ce cétacée fut pendant quelque temps comme assoupi et privé de ses sens, s’éloigna promptement ensuite, et ne reparut qu’au bout de plusieurs jours[3].
Faisons encore observer que la sensibilité d’un animal s’accroît par le nombre des sensations qu’il reçoit, et que ce nombre est, tout égal d’ailleurs, d’autant plus grand, que l’animal change plus souvent de place, et reçoit par conséquent les impressions d’un nombre plus considérable d’objets étrangers. Or le dauphin nage très-fréquemment et avec beaucoup de rapidité.
- ↑ Article de la baleine franche.
- ↑ Aristot. Hist. anim. IV, 8.
- ↑ Pline, Histoire du monde, liv. IX, chap. 8.