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histoire naturelle

mammifères, font communiquer le labyrinthe de l’oreille avec l’intérieur du crâne, indépendamment des conduits par lesquels passent les nerfs.

Lorsqu’on a jeté les yeux sur tous les détails de l’oreille du dauphin, pourroit-on être surpris de la finesse de son ouïe ? et comme les animaux doivent d’autant plus aimer à exercer leurs sens, que les organes en sont plus propres à donner des impressions vives ou multipliées, le dauphin doit se plaire et se plaît en effet à entendre différens corps sonores. Les tons variés des instrumens de musique ne sont pas même les seuls qui attirent son attention ; on diroit qu’il éprouve aussi quelque plaisir à écouter les sons régulièrement périodiques, quoique monotones et quelquefois même très-désagréables à l’oreille délicate d’un musicien habile, que produit le jeu des pompes et d’autres machines hydrauliques. Un bruit violent et soudain l’effraie cependant. Aristote nous apprend que de son temps les pêcheurs de dauphins entouroient dans leurs barques une troupe de ces cétacées, et produisoient tout d’un coup un grand bruit, qui, rendu plus insupportable pour l’oreille de ces animaux par l’intermédiaire de l’eau salée qui le transmettoit et qui étoit bien plus dense que l’air, leur inspiroit une frayeur si forte, qu’ils se précipitoient vers le rivage et s’échouoient sur la grève, victimes de leur surprise, de leur étourdissement et de leur terreur imprévue et subite.