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fortunés, et de rappeler les traits de ce dauphin poétique, voyons de près celui des navigateurs : la fable a des charmes bien doux ; mais quels attraits sont au-dessus de ceux de la vérité ?

Les formes générales du dauphin vulgaire sont plus agréables à la vue que celles de presque tous les autres cétacées : ses proportions sont moins éloignées de celles que nous regardons comme le type de la beauté. Sa tête, par exemple, montre, avec les autres parties de ce cétacée, des rapports de dimension beaucoup plus analogues à ceux qui nous ont charmés dans les animaux que nous croyons les plus favorisés par la Nature. Son ensemble est comme composé de deux cônes alongés presque égaux, et dont les bases sont appliquées l’une contre l’autre. La tête forme l’extrémité du cône antérieur ; aucun enfoncement ne la sépare du corps proprement dit, et ne sert à la faire reconnoître : mais elle se termine par un museau très-distinct du crâne, très-avancé, très-aplati de haut en bas, arrondi dans son contour de manière à présenter l’image d’une portion d’ovale, marqué à son origine par une sorte de pli, et comparé par plusieurs auteurs à un énorme bec d’oie ou de cygne, dont ils lui ont même donné le nom.

Les deux mâchoires composent ce museau ; et comme elles sont aussi avancées ou presque aussi avancées l’une que l’autre, il est évident que l’ouverture de la bouche n’est pas placée au-dessous de la tête, comme