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histoire naturelle

La graisse qui la recouvre a près d’un décimètre d’épaisseur ; mais elle est si molle, que souvent elle ne peut pas retenir le harpon. La peau, qui est très-douce, très-unie, est d’ailleurs déchirée facilement par cet instrument, quoiqu’onctueuse, et épaisse quelquefois de deux ou trois centimètres.

Aussi ne cherche-t-on presque plus à prendre des bélugas ; mais on les voit avec joie paroître sur la surface des mers, parce que quelques pêcheurs, oubliant que la nourriture de ces cétacées est très-différente de celle des baleines franches, ont accrédité l’opinion que ces baleines et ces delphinaptères fréquentent les mêmes parages dans les mêmes saisons, pour trouver les mêmes alimens, et par conséquent annoncent l’approche les uns des autres.

Au reste, comment, au milieu des ennuis d’une longue navigation, ne verroit-on pas avec plaisir les vastes solitudes de l’océan animées par l’apparition de cétacées remarquables dans leurs dimensions, sveltes dans leurs proportions, agiles dans leurs mouvemens, rapides dans leur natation, réunis en grandes troupes, montrant de l’attachement pour leurs semblables, familiers même avec les pêcheurs, s’approchant avec confiance des vaisseaux, leur composant une sorte de cortége, se jouant avec confiance autour de leurs chaloupes, et se livrant presque sans cesse et sans aucune crainte à de vives évolutions, à des combats simulés, à de joyeux ébats ?