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des cétacées.

parler, étoit le plus grand, et comme le conducteur ou plutôt le défenseur d’une troupe nombreuse de physétères de son espèce ; et le cri qu’il proféra, fut pour ses compagnons comme un signal d’alarme, et un avertissement de la nécessité d’une fuite précipitée.

Les cétacées pourroient donc, à la rigueur, être considérés comme ayant reçu du temps et de la société avec leurs semblables, ainsi que de l’effet irrésistible de sensations violentes, d’impressions souvent renouvelées et d’affections durables, un rudiment bien imparfait, et néanmoins assez clair, d’un langage proprement dit.

Mais les actes auxquels ce langage les détermine, que leur sensibilité commande, que leur intelligence dirige, par quel ressort puissant sont-ils principalement produits ?

Par leur queue longue, grosse, forte, flexible, rapide dans ses mouvemens, et agrandie à son extrémité par une large nageoire placée horizontalement.

Ils l’agitent, et la vibrent, pour ainsi dire, avec d’autant plus de facilité et d’énergie, qu’ils ont un grand nombre de vertèbres lombaires, sacrées et caudales ; que les apophyses des vertèbres lombaires sont très-hautes ; et que par conséquent ces apophyses donnent un point d’appui des plus favorables aux grands muscles qui s’y attachent, et qui meuvent la queue qu’ils composent.

C’est cette queue, si puissante dans leur natation, si redoutable dans leurs combats, qui remplace les