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sorte de rage aveugle, ils osent chercher sur l’océan, attaquer et combattre.

La pêche du microps est donc accompagnée de beaucoup de dangers. Elle présente d’ailleurs des difficultés particulières : la peau de ce physétère est trop peu épaisse, et sa graisse ramollit trop sa chair, pour que le harpon soit facilement retenu.

Ce cétacée habite dans les mers voisines du cercle polaire.

En décembre 1723, dix-sept microps furent poussés, par une tempête violente, dans l’embouchure de l’Elbe. Les vagues amoncelées les jetèrent sur des bas-fonds ; et comme nous ne devons négliger aucune comparaison propre à répandre quelque lumière sur les sujets que nous étudions, que l’on rappelle ce que nous avons écrit des macrocéphales précipités par la mer en courroux contre la côte voisine d’Audierne.

Les pêcheurs de Cuxhaven, sur le bord de l’Elbe, crurent voir dix-sept bâtimens hollandois amarrés au rivage. Ils gouvernèrent vers ces bâtimens ; et ce fut avec un grand étonnement qu’ils trouvèrent à la place de ces vaisseaux dix-sept cétacées que la tempête avoit jetés sur le sable, et que la marée, en se retirant avec d’autant plus de vîtesse qu’elle étoit poussée par un vent d’est, avoit abandonnés sur la grève. Les moins grands de ces dix-sept microps étoient longs de treize ou quatorze mètres, et les plus grands avoient près de vingt-quatre mètres de longueur. Les barques de