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des physétères.

La peau n’a peut-être pas autant d’épaisseur, à proportion de la grandeur de l’animal, que dans la plupart des autres cétacées. Elle est d’ailleurs très-unie, très-douce au toucher, et d’un brun noirâtre. Il se peut cependant que l’âge, ou quelque autre cause, lui donne d’autres nuances, et que quelques individus soient d’un blanc jaunâtre, ainsi qu’on l’a écrit.

La longueur du microps est ordinairement de plus de vingt-trois ou vingt-quatre mètres, lorsqu’il est parvenu à son entier développement.

Est-il donc surprenant qu’il lui faille une si grande quantité de nourriture, et qu’il donne la chasse aux bélugas et aux marsouins qu’il poursuit jusque sur le rivage où il les force à s’échouer, et aux phoques qui cherchent en vain un asyle sur d’énormes glaçons ? Le microps a bientôt brisé cette masse congelée, qui, malgré sa dureté, se disperse en éclats, se dissipe en poussière cristalline, et lui livre la proie qu’il veut dévorer.

Son audace s’enflamme lorsqu’il voit des jubartes ou des baleinoptères à museau pointu ; il ose s’élancer sur ces grands cétacées, et les déchire avec ses dents recourbées, si fortes et si nombreuses.

On dit même que la baleine franche, lorsqu’elle est encore jeune, ne peut résister aux armes terribles de ce féroce et sanguinaire ennemi ; et quelques pêcheurs ont ajouté que la rencontre des microps annonçoit l’approche des plus grandes baleines, que, dans leur