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histoire naturelle.

d’animaux dont ces bâtimens avoient été chargés ; elle s’étoit creusé dans le sable une espèce de vaste sillon, et, poussée par les flots vers le rivage, elle élevoit au-dessus de l’eau un dos semblable à la carène d’un vaisseau renversé. Claude l’attaqua à la tête des cohortes prétoriennes, montées sur des bâtimens qui environnèrent le géant cétacée, et dont un fut submergé par l’eau que les évents de l’orque avoient lancée. Les Romains du temps de Claude combattirent donc sur les eaux un énorme tyran des mers, comme leurs pères avoient combattu dans les champs de l’Afrique un immense serpent devin, un sanguinaire dominateur des déserts et des sables brûlans[1].

Examinons le type de ces orques de Pline.

Le microps a la tête si démesurée, que sa longueur égale, suivant Artédi, la moitié de la longueur du cétacée lorsqu’on lui a coupé la nageoire de la queue, et que sa grosseur l’emporte sur celle de toute autre partie du corps de ce physétère.

La bouche s’ouvre au-dessous de cette tête remarquable. La mâchoire supérieure, quoique moins avancée que le museau proprement dit, l’est cependant un peu plus que la mâchoire d’en-bas. Elle présente des cavités propres à recevoir les dents de cette mâchoire inférieure ; et nous croyons devoir faire observer de nouveau que, par une suite de cette conformation, les

  1. Article du serpent devin, dans notre Histoire naturelle des serpens.