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des physétères.

que Pline nous représente comme ennemies mortelles du premier des cétacées, desquelles il nous dit qu’on ne peut s’en faire une image qu’en se figurant une masse immense animée et hérissée de dents, et qui, poursuivant les baleines jusque dans les golfes les plus écartés, dans leurs retraites les plus secrètes, dans leurs asyles les plus sûrs, attaquent, déchirent et percent de leurs dents aiguës, et les baleineaux, et les femelles qui n’ont pas encore donné le jour à leurs petits ? Ces baleines encore pleines, continue le naturaliste romain, chargées du poids de leur baleineau, embarrassées dans leurs mouvemens, découragées dans leur défense, affoiblies par les douleurs et les fatigues de leur état, paroissent ne connoître d’autre moyen d’échapper à la fureur des orques, qu’en fuyant dans la haute mer, et en tâchant de mettre tout l’océan entre elles et leurs ennemis. Vains efforts ! les orques leur ferment le passage, s’opposent à leur fuite, les attaquent dans leurs détroits, les pressent sur les bas-fonds, les serrent contre les roches. Et cependant, quoiqu’aucun vent ne souffle dans les airs, la mer est agitée par les mouvemens rapides et les coups redoublés de ces énormes animaux ; les flots sont soulevés comme par un violent tourbillon. Une de ces orques parut dans le port d’Ostie pendant que l’empereur Claude étoit occupé à y faire faire des constructions nouvelles. Elle y étoit entrée à la suite du naufrage de bâtimens arrivés de la Gaule, et entraînée par les peaux