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vue générale

cavité de la bouche et celle des évents sont très-grandes. La trachée artère, mesurée depuis le larynx jusqu’à son entrée dans les poumons, avoit un mètre de longueur, et un tiers de mètre de diamètre, dans une baleine néanmoins très-jeune, prise sur la côte d’Islande, en 1763[1]. Or il seroit aisé de prouver à tous les musiciens qui connoissent la théorie de leur art, et particulièrement celle des instrumens auxquels la musique peut avoir recours, que la réunion des trois conditions que nous venons d’exposer, suffit pour faire considérer l’ensemble de l’organe vocal des cétacées, comme propre à produire de véritables sons, des sons très-distincts, et des sons variés, non seulement par leur intensité, mais encore par leur durée et par le degré de leur élévation ou de leur gravité.

On pourroit même supposer dans les cris des cétacées, des différences assez sensibles pour que le besoin et l’habitude aient rendu pour ces animaux plusieurs de ces cris, des signes constans et faciles à reconnoître, d’un certain nombre de leurs sensations.

De véritables cris d’appel, de véritables signes de détresse, ont été employés par les dauphins férès réunis auprès de Saint-Tropès. Le physétère mular qui fit entendre ce son terrible, dont nous venons de

  1. Voyage en Islande, fait par ordre de sa Majesté Danoise, par MM. Olafsen, Islandois, et Potvelsen, premier médecin d’Islande ; rédigé sous la direction de l’académie des sciences de Copenhague, et traduit en françois par M. Gauthier de la Peyronie ; volume V, page 269.