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histoire naturelle

que ceux de la baleine franche. Le génie de l’homme dominera toujours l’intelligence des animaux, et son art enchaînera la force des plus redoutables. On pêche avec succès les macrocéphales, non seulement dans notre hémisphère, mais dans l’hémisphère austral ; et à mesure que d’illustres exemples et de grandes leçons apprennent aux navigateurs à faire avec facilité ce qui naguère étoit réservé à l’audace éclairée des Magellan, des Bougainville et des Cook, les stations et le nombre des pêcheurs de cachalots, ainsi que d’autres grands cétacées dont on recherche l’huile, les fanons, l’ambre ou l’adipocire, se multiplient dans les deux océans. Ces pêcheries ouvrent de nouvelles sources de richesses, et créent de nouvelles pépinières de marins pour les Anglois, et pour les Américains des États-Unis, ce peuple que la nature, la liberté et la philosophie appellent aux plus belles destinées, et qui l’emporte déjà sur tant d’autres nations par l’habileté et la hardiesse avec laquelle il parcourt la mer comme ses belles contrées, et recueille les trésors de l’océan aussi facilement que les moissons de ses campagnes[1].

Les macrocéphales résistent plus long-temps que beaucoup d’autres cétacées, aux blessures que leur font la lance et le harpon des pêcheurs. On ne leur arrache que difficilement la vie, et on assure qu’on a vu de ces cachalots respirer encore, quoique privés de parties

  1. Le citoyen Cossigny a parlé de ces pêcheries australes dans l’intéressant ouvrage qu’il a publié sur les colonies.