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des cachalots.

au milieu des flots qui dévoient souvent les cacher en partie.

La mère montre pour son petit une affection plus grande encore que dans presque toutes les autres espèces de cétacées. C’est peut-être à un macrocéphale femelle qu’il faut rapporter le fait suivant, que l’on trouve dans la relation du voyage de Fr. Pyrard[1]. Cet auteur raconte que dans la mer du Brésil, un grand cétacée, voyant son petit pris par des pêcheurs, se jeta avec une telle furie contre leur barque, qu’il la renversa, et précipita dans la mer son petit, qui par-là fut délivré, et les pêcheurs, qui ne se sauvèrent qu’avec peine.

Ce sentiment de la mère pour le jeune cétacée auquel elle a donné le jour, se retrouve même dans presque tous les macrocéphales pour les cachalots avec lesquels ils ont l’habitude de vivre. Nous lisons dans la relation du voyage du capitaine Colnett, que lorsqu’on attaque une troupe de macrocéphales, ceux qui sont déjà pris sont bien moins à craindre pour les pêcheurs, que leurs compagnons encore libres, lesquels, au lieu de plonger dans la mer ou de prendre la fuite, vont avec audace couper les cordes qui retiennent les premiers, repousser ou immoler leurs vainqueurs, et leur rendre la liberté.

Mais les efforts des macrocéphales sont aussi vains

  1. Seconde partie, page 208.