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des cachalots.

Au reste, n’oublions pas de faire faire attention à ces mugissemens qu’ont fait entendre les cachalots échoués dans la baie d’Audierne, et de rappeler ce que nous avons dit des sons produits par les cétacées, dans l’article de la baleine franche et dans celui de la baleinoptère jubarte.

La contrainte, la douleur, le danger, la rage, n’arrachent peut-être pas seuls des sons plus ou moins forts et plus ou moins expressifs aux cétacées, et particulièrement au cachalot macrocéphale. Peut-être le sentiment le plus vif de tous ceux que les animaux peuvent éprouver, leur inspire-t-il aussi des sons particuliers qui l’annoncent au loin. Les macrocéphales du moins doivent rechercher leur femelle avec une sorte de fureur. Ils s’accouplent comme la baleine franche ; et pour se livrer à leurs amours avec moins d’inquiétude ou de trouble, ils se rassemblent, dans le temps de leur union la plus intime avec leur femelle, auprès des rivages les moins fréquentés. Le capitaine Colnett dit, dans la relation de son voyage, que les environs des îles Gallapagos sont dans le printemps le rendez-vous

    Amérique (tome I, page 395), qu’auprès de la côte du Pérou il vit l’eau de la mer mêlée avec un sang fétide ; que, selon les Indiens, ce phénomène avoit lieu tous les mois, et que ce sang provenoit, suivant ces mêmes Indiens, d’une évacuation à laquelle les baleines femelles étoient sujettes chaque mois, et lorsqu’elles étoient en chaleur. Les combats que se livrent les cétacées, et le nombre de ceux qui périssent sous les coups des pêcheurs suffisent pour expliquer le fait observé par le P. Feuillée, sans qu’on ait besoin d’avoir recours aux idées des Indiens.