vit avec surprise une multitude de poissons se jeter à la côte, et un grand nombre de marsouins entrer dans le port d’Audierne. Le 14, à six heures du matin, la mer étoit fort grosse ; et les vents souffloient du sud-ouest avec violence. On entendit vers le cap Estain des mugissemens extraordinaires, qui retentissoient dans les terres à plus de quatre kilomètres. Deux hommes, qui côtoyoient alors le rivage, furent saisis de frayeur, sur-tout lorsqu’ils apperçurent un peu au large des animaux énormes, qui s’agitoient avec violence, s’efforçoient de résister aux vagues écumantes qui les rouloient et les précipitoient vers la côte, battoient bruyamment les flots soulevés, à coups redoublés de leur large queue, et rejetoient avec vivacité par leurs évents une eau bouillonnante, qui s’élançoit en sifflant. L’effroi des spectateurs augmenta lorsque les premiers de ces cétacées, n’opposant plus à la mer qu’une lutte inutile, furent jetés sur le sable ; il redoubla encore lorsqu’ils les virent suivis d’un très grand nombre d’autres colosses vivans. Les macrocéphales étoient cependant encore jeunes ; les moins grands n’avoient guère plus de douze mètres de longueur, et les plus grands n’en avoient pas plus de quinze ou seize. Ils vécurent sur le sable vingt-quatre heures ou environ.
Il ne faut pas être étonné que des milliers de poissons, troublés et effrayés, aient précédé l’arrivée de ces cétacées, et fui rapidement devant eux. En effet, le