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histoire naturelle

maladies convulsives les plus dangereuses, telles que le tétanos et l’hydrophobie. Le docteur Swediawer rapporte que cet aromate a été très-purgatif pour un marin qui en avoit pris un décagramme et demi après l’avoir fait fondre au feu. Dans plusieurs contrées de l’Asie et de l’Afrique, on en fait un grand usage dans la cuisine, suivant le docteur Swediawer. Les pélerins de la Mecque en achètent une grande quantité, pour l’offrir à la place de l’encens. Les Turcs ont recours à cet aromate, comme à un aphrodisiaque.

Mais il est principalement recherché pour les parfums : il en est une des bases les plus fréquemment employées. On le mêle avec le musc, qu’il atténue, et dont il tempère les effets au point d’en rendre l’odeur plus douce et plus agréable. Et c’est enfin une des substances les plus divisibles, puisque la plus petite quantité d’ambre suffit pour parfumer pendant un temps très-long un espace très-étendu[1].

Ne cessons cependant pas de parler de l’ambre gris sans faire observer que l’altération qui produit cet aromate, n’a lieu que dans les cétacées dont la tête, le corps et la queue, organisés d’une manière particulière, renferment de grandes masses d’adipocire ; et il

  1. Lorsque le docteur Swediawer a publié son travail, l’ambre gris se vendoit à Londres une livre sterling les trois décagrammes ; et, suivant le citoyen Donadei, l’ambre gris, trouvé sur les côtes du golfe de Gascogne, étoit vendu, en 1790, à peu près le même prix dans le commerce, où on le regardoit comme apporté des grandes Indes, quoique les pêcheurs n’en vendissent le même poids à Bayonne ou à Bordeaux que 5 ou 6 francs.