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des cachalots.

L’ambre gris, gardé pendant plusieurs mois, se couvre, comme le chocolat, d’une poussière grisâtre. Mais, indépendamment de cette décomposition naturelle, on ne peut souvent se le procurer par le commerce, qu’altéré par la fraude. On le falsifie communément en le mêlant avec des fleurs de riz, du styrax ou d’autres résines[1]. Il peut aussi être modifié par les sucs digestifs de plusieurs oiseaux d’eau qui l’avalent, et le rendent sans beaucoup changer ses propriétés ; et le citoyen Donadei a écrit que les habitans de la côte qui borde le golfe de Gascogne, appeloient renardé l’ambre dont la nuance étoit noire ; que, suivant eux, on ne trouvoit cet ambre noir que dans des forêts voisines du rivage, mais élevées au-dessus de la portée des plus hautes vagues ; et que cette variété d’ambre tenoit sa couleur particulière des forces intérieures des renards, qui étoient très-avides d’ambre gris, n’en altéroient que foiblement les fragmens, et cependant ne les rendoient qu’après en avoir changé la couleur.

L’ambre gris a été autrefois très-recommandé en médecine. On l’a donné en substance ou en teinture alcoolique. On s’en est servi pour l’essence d’Hofmann, pour la teinture royale du codex de Paris, pour des trochisques de la pharmacopée de Wirtemberg, etc. On l’a regardé comme stomachique, cordial, antispasmodique. On a cité des effets surprenans de cette substance, dans les

  1. Mémoire du docteur Swediawer, déjà cité.