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natations, pour les voyages lointains ; et c’est par une suite du même principe que la supériorité de la vue et la finesse de l’ouïe donnent aux oiseaux une tendance très-forte à se mouvoir fréquemment, à franchir de grandes distances, à chercher au milieu des airs la terre et le climat qui leur conviennent le mieux.

Maintenant si, après avoir examiné rapidement les sens des cétacées, nous portons nos regards sur les dimensions des organes de ces sens, nous serons étonnés de trouver que celui de l’ouïe, et sur-tout celui de la vue, ne sont guère plus grands dans des cétacées longs de quarante ou cinquante mètres, que dans des mammifères de deux ou trois mètres de longueur.

Observons ici une vérité importante. Les organes de l’odorat, de la vue et de l’ouïe, sont, pour ainsi dire, des instrumens ajoutés au corps proprement dit d’un animal ; ils n’en font pas une partie essentielle : leurs proportions et leurs dimensions ne doivent avoir de rapport qu’avec la nature, la force et le nombre des sensations qu’ils doivent recevoir et transmettre au systême nerveux, et par conséquent au cerveau de l’animal ; il n’est pas nécessaire qu’ils aient une analogie de grandeur avec le corps proprement dit. Étendus même au-delà de certaines dimensions ou resserrés en-deçà de ces limites, ils cesseroient de remplir leurs fonctions propres ; ils ne concentreroient plus les impressions qui leur parviennent ; ils les transmettroient trop isolées ; ils ne seroient plus un ins-