Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
197
des cachalots.

tence de cet ambre dans l’individu harponné, ou trouvé mort et flottant sur la surface de la mer, on lui ouvre le ventre, en commençant par l’anus, et en continuant jusqu’à ce qu’on ait atteint l’objet de sa recherche.

Quelle est donc la puissance du luxe, de la vanité, de l’intérêt, de l’imitation et de l’usage ! Quels voyages on entreprend, quels dangers on brave, à quelle cruauté on se condamne, pour obtenir une matière vile, un objet dégoûtant, mais que le caprice et le désir des jouissances privilégiées ont su métamorphoser en aromate précieux !

L’ambre contenu dans le canal intestinal du macrocéphale n’a pas le même degré de dureté que celui qui flotte sur l’océan, ou que les vagues ont rejeté sur le rivage : dans l’instant où on le retire du corps du cétacée, il a même encore la couleur et l’odeur des véritables excrémens de l’animal à un si haut degré, qu’il n’en est distingué que par un peu moins de mollesse ; mais, exposé à l’air, il acquiert bientôt la consistance et l’odeur forte et suave qui le caractérisent.

On a vu de ces morceaux d’ambre entraînés, par les mouvemens de l’océan, sur les côtes du Japon, de la mer de Chine, des Moluques, de la Nouvelle-Hollande occidentale[1], du grand golfe de l’Inde, des Maldives, de Madagascar, de l’Afrique orientale et occidentale,

  1. Auprès de la rivière des Cygnes. — (Journal manuscrit du naturaliste Levilain, embarqué avec le capitaine Baudin, pour une expédition de découvertes.