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D’autres auteurs ont avancé que ce sac n’étoit que la vessie de l’urine, et que les boules d’ambre étoient des concrétions analogues aux pierres que l’on trouve dans la vessie de l’homme et de tant d’animaux : mais le savant docteur Swediawer a fait remarquer avec raison, dans l’excellent travail qu’il a publié sur l’ambre gris[1], que l’on trouve des morceaux de cet aromate dans les cachalots femelles comme dans les mâles, et que les boules qu’elles renferment sont seulement moins grosses et souvent moins recherchées. Il a montré que la formation de l’ambre dans la vessie, et l’existence d’un sac particulier, étoient entièrement contraires aux résultats de l’observation ; il a fait voir que ce prétendu sac n’est autre chose que le cœcum du macrocéphale, lequel cœcum a plus d’un mètre de longueur ; et après avoir rappelé que, suivant Kœmpfer, l’ambre gris, nommé par les Japonois excrément de baleine (kusura no fu), étoit en effet un excrément de ce cétacée, il a exposé la véritable origine de cette substance singulière, telle que la démontrent des faits bien constatés.

L’ambre gris se trouve dans le canal intestinal du macrocéphale, à une distance de l’anus, qui varie entre un et plusieurs mètres. Il est parsemé de fragmens de mâchoires du mollusque nommé seiche, parce que le cachalot macrocéphale se nourrit principalement de ce mollusque, et que ces mâchoires sont d’une substance de corne qui ne peut pas être digérée.

  1. Transactions philosophiques.