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des cachalots.

ce corps n’étoit qu’un mélange de cire et de miel, modifié par le soleil et par les eaux de la mer, de manière à répandre une odeur très-suave.

Dans ces dernières hypothèses, des cétacées auroient avalé des morceaux d’ambre gris entraînés par les vagues, et flottans sur la surface de l’océan ; et cet aromate, résultat d’un bitume, ou composé de cire et de miel, ou d’écume de phoque, ou de fiente d’oiseau, ou d’excrémens de crocodile, roulé par les flots et transporté de rivage en rivage pendant son état de mollesse, auroit pu rencontrer, retenir et s’attacher plusieurs substances étrangères, et particulièrement des dépouilles d’oiseaux, de poissons, de mollusques, de testacées.

Des physiciens plus rapprochés de la vérité ont dit, avec Clusius, que l’ambre gris étoit une substance animale produite dans l’estomac d’un cétacée, comme une sorte de bézoard. Dudley a écrit, dans les Transactions philosophiques, tome XXIII, que l’ambre étoit une production semblable au musc ou au castoreum, et qui se formoit dans un sac particulier, placé au-dessus des testicules d’un cachalot ; que ce sac étoit plein d’une liqueur analogue par sa consistance à de l’huile, d’une couleur d’orange foncée, et d’une odeur très-peu différente de celle des morceaux d’ambre qui nageoient dans ce fluide huileux ; que l’ambre sortoit de ce sac par un conduit situé le long du pénis ; et que les cétacées mâles pouvoient seuls le contenir.