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histoire naturelle

comme un bitume, comme une huile minérale, comme une sorte de pétrole. Épaissi par la chaleur du soleil et durci par un long séjour au milieu de l’eau salée, avalé par le cachalot macrocéphale ou par d’autres cétacées, et soumis aux forces ainsi qu’aux sucs digestifs de son estomac, il éprouveroit dans l’intérieur de ces animaux une altération plus ou moins grande. D’habiles chimistes, tels que Geoffroy, Neumann, Grim et Brow, ont adopté cette opinion, parce qu’ils ont retiré de l’ambre gris quelques produits analogues à ceux des bitumes. Cette substance leur a donné, par l’analyse, une liqueur acide, un sel acide concret, de l’huile et un résidu charbonneux. Mais, comme l’observe notre collègue Fourcroy, ces produits appartiennent à beaucoup d’autres substances qu’à des bitumes. De plus, l’ambre gris est dissoluble, en grande partie, dans l’alcool et dans l’éther ; sa dissolution est précipitée par l’eau comme celle des résines, et les bitumes sont presque insolubles dans ces liquides.

D’autres naturalistes, prenant les fragmens de mâchoires de mollusques disséminés dans l’ambre gris pour des portions de becs d’oiseau, ont pensé que cette substance provenoit d’excrémens d’oiseaux qui avoient mangé des herbes odoriférantes.

Quelques physiciens n’ont considéré l’ambre gris que comme le produit d’une sorte d’écume rendue par des phoques, ou un excrément de crocodile.

Pomet, Lémery, et Formey de Berlin, ont cru que