Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
histoire naturelle

gréable et même nuisible et insupportable à d’autres. Cette odeur se perfectionne, et, pour ainsi dire, se purifie, à mesure que l’ambre gris vieillit, se dessèche et se durcit ; elle devient plus pénétrante et cependant plus suave, lorsqu’on frotte et lorsqu’on chauffe le morceau qui la répand ; elle s’exalte par le mélange de l’ambre avec d’autres aromates ; elle s’altère et se vicie par la réunion de cette même substance avec d’autres corps ; et c’est ainsi qu’on pourroit expliquer l’odeur d’alcali volatil que répandoit l’ambre gris trouvé sur les bords du golfe de Gascogne par M. Donadei, et qui se dissipa quelque temps après que ce physicien l’eut ramassé.

L’ambre gris est si léger, qu’il flotte non seulement sur la mer, mais encore sur l’eau douce.

Il se présente en boules irrégulières : les unes montrent dans leur cassure un tissu grenu ; d’autres sont formées de couches presque concentriques de différentes épaisseurs, et qui se brisent en écailles.

Le grand diamètre de ces boules varie ordinairement depuis un douzième jusqu’à un tiers de mètre ; et leur poids, depuis un jusqu’à quinze kilogrammes. Mais on a vu des morceaux d’ambre d’une grosseur bien supérieure. La compagnie des Indes de France exposa à la vente de l’Orient, en 1755, une boule d’ambre qui pesoit soixante-deux kilogrammes. Un pêcheur américain d’Antigoa a trouvé dans le ventre d’un cétacée, à seize myriamètres au sud-est des îles du vent, un morceau