Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxj
des cétacées.

L’organe de l’ouïe, qui leur a été accordé, est renfermé dans un os qui, au lieu de faire partie de la boîte osseuse, laquelle enveloppe le cerveau, est attaché à cette boîte osseuse par des ligamens, et comme suspendu dans une sorte de cavité. Cette espèce d’isolement de l’oreille, au milieu de substances molles qui amortissent les sons qu’elles transmettent, contribue peut-être à la netteté des impressions sonores, qui, sans ces intermédiaires, arriveroient trop multipliées, trop fortes et trop confuses à un organe presque toujours placé au-dessous de la surface de l’océan, et par conséquent au milieu d’un fluide immense, fréquemment agité, et bien moins rare que celui de l’atmosphère. Remarquons aussi que le conduit auditif se termine à l’extérieur par un orifice presque imperceptible, et que, par la très-petite dimension de ce passage, la membrane du tympan est garantie des effets assourdissans que produiroient sur cette membrane tendue le contact et le mouvement de l’eau de la mer.

Mais, comme l’histoire des animaux est celle de leurs facultés, de même que l’histoire de l’homme est celle de son génie, tâchons de mieux juger des facultés des cétacées ; essayons de mieux connoître le caractère particulier de leur sensibilité, la nature de leur instinct, le degré de leur intelligence ; cherchons les liaisons qui, dans ces mêmes cétacées, réunissent un sens avec un autre, et par conséquent augmentent la