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vue générale

immense, formée par la surface d’une mer tranquille, leur vue, qui n’est alors arrêtée par aucune inégalité semblable à celles de la surface sèche du globe, et qui ne reçoit de limite que de la petitesse des objets, ou de la courbure de la terre.

À la vérité, ils n’ont pas d’organe particulier conformé de manière à leur procurer un toucher bien sûr et bien délicat. Leurs doigts en effet, quoique divisés en plusieurs osselets, et présentant, par exemple, jusqu’à sept articulations dans l’espèce du physétère orthodon, sont tellement rapprochés, réunis et recouverts par une sorte de gant formé d’une peau dure et épaisse, qu’ils ne peuvent pas être mus indépendamment l’un de l’autre, pour palper, saisir et embrasser un objet, et qu’ils ne composent que l’extrémité d’une rame solide, plutôt qu’une véritable main. Mais cette même rame est aussi un bras, par le moyen duquel ils peuvent retenir et presser contre leur corps les différens objets ; et il est très-peu de parties de leur surface où la peau, quelqu’épaisse qu’elle soit, ne puisse être assez déprimée, et en quelque sorte fléchie, pour leur donner, par le tact, des sensations assez nettes de plusieurs qualités des objets extérieurs. On peut donc croire qu’ils ne sont pas plus mal partagés relativement au toucher, que plusieurs mammifères, et, par exemple, plusieurs phoques, qui paroissent jouir d’une intelligence peu commune dans les animaux, et de beaucoup de sensibilité.